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Vincent Dietschy

Le 3 février 2021, une grande amie, Marjorie David, qui travaille pour une entreprise pharmaceutique et à qui j’avais montré différents états du montage de Notre Histoire pour recueillir son avis, m’a écrit la lettre suivante, après que je l’ai à nouveau sollicitée au sujet des premières affiches (AFFICHE 01, AFFICHE 02) et bandes annonces du films (FILM ANNONCE 01, FILM ANNONCE 02). 

Marjorie David

Quel plaisir j’ai à retrouver ton film Vincent ! Bien sûr, je suis ravie d’avoir de tes nouvelles mais là il s’agit du film et je mesure à quel point il me touche, est important, intemporel et libre. 

Oui, on est à mille lieues du modèle économique dans lequel nous avons progressivement glissé, parfois sans même s’en apercevoir. Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le monde de l’entreprise où il n’est plus question que de performance. L’entreprise s’est progressivement vidée de sa substance, allant même jusqu’à se départir de ce pour quoi elle avait été créée au départ. Que les choses soient claires : toute innovation ou création deviendra impossible dans ces conditions parce qu’on ne prendra plus jamais le risque d’expérimenter du fait de cette injonction de rentabilité. Comme le film s’en fait l’écho, le domaine artistique est bien entendu touché de plein fouet par cette mécanique implacable qui provoque un vide intersidéral partout où elle s’installe. En fait, c’est le monde tout entier qui est atteint, y compris celui des sentiments. Et ce n’est pas un point de vue nostalgique car j’ai pu constater que les très jeunes, les ados j’entends, sont en réalité frustrés dans le rôle de consommateur que la société leur assigne. Je digresse mais c’est pour dire que ton film, y compris dans son mode de diffusion ou de par son architecture, prend le contre-pied de tout cela. 

En lisant ton mail, j’ai retrouvé instantanément, l’effet qu’il a eu sur moi, à savoir me nourrir, me remplir, ressentir la vie, l’amour, Paris, les autres, la question de la place du cinéma, la rudesse de l’engagement artistique, les mutations de la société… enfin toutes ces choses qui alimentent notre rapport vibrant au monde. Quelle bouffée d’air, et d’autant plus dans le contexte actuel où nous étouffons littéralement ! J’ai hâte qu’il sorte ce film, que le site se déploie, s’enrichisse et que nous y retrouvions l’envie d’être amoureux, de créer, de contourner les règles et de flâner dans les villes. 

Je t’embrasse

Marjorie

PS: j’aime beaucoup l’affiche avec le visage de Stacy et tout autant les deux films annonces qui donnent chacun un point de vue différent sur le film. C’est à la fois très malin et fidèle au film, je trouve.